Publié le 24 juin 2025 dans Articles
Les emballages plastiques sont omniprésents dans les circuits professionnels. Fonctionnels, ils répondent aux contraintes logistiques des entreprises. Avec l’entrée en vigueur de la Responsabilité Élargie du Producteur (REP) des emballages professionnels en 2026 et l’accélération des objectifs de recyclage, ces matériaux se retrouvent au cœur d’enjeux complexes : collecte, traçabilité, réincorporation de matière recyclée, recyclabilité, coût. Les défis à relever sont de taille, bien que moteurs d’un modèle d’économie circulaire pérenne.
Les emballages plastiques professionnels (hors emballages de la restauration) représentent 970 000 tonnes sur les 7,4 millions de tonnes d’emballages mis sur le marché français (emballages à usage unique et emballages réemployables neufs) chaque année1. Fûts, jerricans, bidons, films plastiques de palettisation… cette famille diversifiée répond aux contraintes spécifiques des circuits B2B.
En effet, leur large adoption auprès des professionnels et industriels s’explique par des aptitudes techniques indéniables : légèreté, étanchéité, facilité de mise en forme, scellage, etc. Ces avantages fonctionnels, conjugués à un coût maîtrisé, en font souvent une solution technique de choix pour le transport ou le stockage des marchandises.
Ces emballages plastiques sont principalement composés de résines conventionnelles – polyéthylène (PE), polypropylène (PP) et polyéthylène téréphtalate (PET). Ensemble, ils représentent 13% des 7,4 millions de tonnes d’emballages professionnels mis sur le marché annuellement, derrière le papier-carton (50%) et le bois (35%)2.
Le recyclage plastique accuse un retard important au regard des objectifs fixés par la loi AGEC3 et le Pacte vert européen 4pour 2025 et 2030.
Taux de recyclage | À date | 2025 | 2026 |
Papier-carton | 88% | 75% | 85% |
Plastique | 26% | 50% | 55% |
Bois | 34% | 25% | 30% |
Acier | 51% | 70% | 80% |
Aluminium | 34% | 50% | 60% |
La mesure principale dans Le PPWR (Packaging and Packaging Waste Regulation) impose à tous les metteurs en marché de produits emballés d’avoir des emballages recyclables d’ici 2030. En conséquence, les fabricants d’emballages devront respecter des critères de conception pour le recyclage et atteindre un seuil minimal de 70% de recyclabilité avant mise sur le marché.
Par ailleurs, les entreprises ont également des objectifs d’incorporation de plastique recyclé dans leurs emballages. Celles qui s’engagent dès maintenant dans l’incorporation de plastiques recyclés prennent de l’avance sur les obligations réglementaires de 2030. Cette anticipation leur permet de sécuriser l’accès aux gisements de matières recyclées avant la montée en charge de la demande.
Un plastique recyclé a un moindre impact qu’un plastique vierge. Mais son utilisation dépasse le seul enjeu environnemental. Elle permet aux entreprises de sécuriser leur approvisionnement tout en créant une boucle fermée : les emballages en fin de vie redeviennent « matière première » pour la fabrication de nouveaux emballages.
Cette logique de circuit court renforce la résilience des chaînes de valeur face aux fluctuations du marché des matières vierges et aux tensions géopolitiques sur les approvisionnements. Incorporer des matières recyclées favorise par ailleurs l’émergence d’un écosystème de recyclage local, réduisant la dépendance aux filières d’exportation.
Un arrêté inter-filières en préparation prévoit la mise en place d’un soutien financier pour l’incorporation de matières plastiques recyclées dans huit filières REP, dont les emballages industriels et commerciaux. Ce dispositif, qui pourrait entrer en vigueur dès 2026, fonctionnerait selon un principe de primes. Le principe : les entreprises incorporant du plastique recyclé verraient leur contribution à l’éco-organisme diminuer, avec des primes calculées en fonction du nombre de tonnes de plastique recyclé. Il s’agit d’un mécanisme redistributif. Ce soutien, s’il est adopté, imposera des critères d’éligibilité comme celui de la proximité, et des exigences de certification des matières recyclées incorporées.
Les chiffres confirment le potentiel de réemploi des emballages professionnels.
Selon l’ADEME, le tonnage total des emballages professionnels réemployables (réemployables neufs et réemployés, hors emballages de la restauration), représente environ 8,5 Mt dont 288 000 tonnes d’emballages réemployables neufs (soit 3%).
Et sur les 8,5 millions de tonnes d’emballages professionnels réemployables, 2,9 millions sont en plastique (soit environ 35%). Les caisses et bacs plastiques affichent encore une marge de progression de 50 à 80%, tandis que les palettes plastiques atteignent déjà 80% de réemploi9. Au total, pour les emballages plastiques, la part d’emballages réemployables neufs mis sur le marché est à 4% et la proportion d’emballages à usage unique mis sur le marché à 96%.
Des entreprises se sont emparées de ces questions de réemploi et proposent des solutions opérationnelles. Caisses pliables, palettes plastiques, housses plastiques fabriquées à partir de matières recyclées et idéales pour le transport et le stockage de nombreuses marchandises.
Le secteur automobile illustre très bien ce potentiel en utilisant de plus en plus d’emballages réemployables : les caisses plastiques pliables circulent entre équipementiers et constructeurs sur de nombreux cycles, optimisant les flux logistiques. Cette pratique s’étend dans l’industrie chimique et d’autres secteurs industriels.
La future REP des emballages professionnels, prévue pour 2026, devrait créer un cadre propice à la conduite de stratégies 3R plus efficaces, en permettant à tous d’évoluer sur le traitement et la production des plastiques et leurs déchets.
Ce nouveau cadre pourrait jouer en faveur d’une meilleure traçabilité des flux et un suivi des données plus précis sur les performances réelles de recyclage des plastiques. Cette transparence renforcée permettra de mesurer précisément les progrès et d’identifier les gisements d’amélioration par secteur et par type d’emballage.
Le principe même de la Responsabilité Élargie du Producteur crée un système de modulation des contributions : les entreprises qui adoptent des pratiques vertueuses (réduction, réemploi, incorporation de matières recyclées) bénéficieront d’une modulation à la baisse de l’éco-contribution. Les entreprises qui s’engagent tôt dans ces démarches bénéficient ainsi d’un avantage concurrentiel financé par la mutualisation des contributions au sein de la filière.
Une fois agréés, les éco-organismes accompagneront les entreprises dans leurs stratégies de réduction et réemploi, avec un focus particulier sur l’incorporation de matières recyclées pour créer des boucles fermées économiquement viables.