Emballages pro

Matinée Emballages pro :  Améliorer la gestion de vos emballages 

La Responsabilité Élargie du Producteur (REP) des emballages professionnels entre en vigueur au 1er janvier 2026. L’heure est venue de faire le point sur vos gisements et vos pratiques. Enjeux autour des emballages carton et plastique, leviers d’amélioration et bons conseils : découvrez le compte rendu des échanges menés le 15 octobre 2025 au cours d’une matinée consacrée à la future filière REP.

@Anna Ellouk Photographe

Une table ronde dédiée à la gestion des emballages professionnels qui a réuni ces acteurs de terrain :  

  • Julien Cléry, Responsable RSE, DS Smith France 
  • Myriam Vermast, Cheffe de projet REP Packaging, Decathlon 
  • Sébastien Wolff, Directeur général, Reborn Plastics 
  • Sabine Haltebourg, Directrice des opérations, Citeo Pro 

#1 – Etat des lieux des emballages pro carton et plastique 

Une filière bien établie : les emballages carton 

Avec un taux de recyclage proche de 80%, la filière carton fait figure de bonne élève. Cette performance s’explique d’abord par l’ancienneté de la filière, née il y a 40 ans avec la REP des emballages ménagers de 1992. Le temps a fait son œuvre pour permettre aux acteurs de roder leurs pratiques en intégrant durablement la notion d’économie circulaire. 

Trois facteurs expliquent cette réussite : la mobilisation collective de l’ensemble des parties prenantes (collectivités, entreprises, industriels), la nature du matériau lui-même propice au recyclage, et les incitations économiques et politiques publiques qui ont agi comme accélérateurs. 

Mais Julien Cléry prévient :

Julien Cléry

Responsable RSE, DS Smith France

Il y a le recyclable et la recyclabilité. Vous pouvez avoir un matériau recyclable, mais si vous n’avez pas la filière en place, ce matériau ne sera pas recyclé

Un rappel opportun à l’heure où la directive Green Claims impose une communication environnementale solidement ancrée dans les faits.

Une filière complexe qui se structure : les emballages plastiques 

En 2025, il reste au matériau plastique​​ encore 31 points pour atteindre les objectifs 2030 fixés par l’Union Européenne et la loi AGEC. Un défi remarquable d’autant que la filière demeure hétérogène. Par exemple, des matériaux complexes comme ceux pour le contact alimentaire présentent un faible taux d’intégration de matières ​​recyclées tandis que les films polyéthylène pour le transport affichent une performance déjà élevée.  

Le plastique présente pourtant des atouts en termes de recyclabilité : résistance, transformation en basse température. Certaines filières comme le PET affichent déjà plus de 60% de recyclage dans les emballages consommateurs. « La filière a pris conscience qu’il fallait évoluer très rapidement. Les fabricants d’emballage prennent le sujet en main » note Sébastien Wolff. 

Sur certaines applications (films de palettisation, gaines de protection rétractable), Reborn Plastics approche les 100% de ​​​​réintégration. Dans l’hygiène, les taux descendent à 50-60%. Dans l’alimentation, la réintégration demeure anecdotique. La réintégration s’entend du pourcentage de matière recyclée incorporée dans la fabrication de nouveaux emballages. À ce titre, le règlement européen des emballages PPWR (Packaging and Packaging Waste Regulation) fixe de nouveaux seuils d’incorporation de matière recyclée.  

Emballages professionnels

Stratégie

Concilier plastiques et stratégie 3R

2 modes de recyclage sont souvent pratiqués :  

  • En boucle fermée : chez Reborn plastics, ce système permet de vendre les emballages plastiques, de les collecter via des presses à balles, de les recycler et de les réintégrer. « On compacte ces films, on charge des camions à 18-20 tonnes et on fait une livraison directe du point de génération de déchets jusqu’à notre usine », détaille Sébastien Wolff.  
  • En boucle ouverte : ce système complète le premier en récupérant plus en aval les emballages mis en marché par d’autres fabricants ou via des partenariats avec des collecteurs.<

Tout l’enjeu consiste à maintenir un équilibre permanent entre quantité mise sur le marché et quantité collectée. 

#2 – Les leviers de progrès pour chaque filière 

Plastique : capter les gisements diffus grâce à la REP 

La nouvelle REP offre des opportunités concrètes pour la filière plastique. Sébastien Wolff l’affirme, le marché est efficient sur les gros volumes.  

Sébastien Wolff

Directeur général, Reborn Plastics

Le vrai enjeu se situe sur tout ce qui est diffus chez les commerçants, les artisans, les TPE, on ne voit pas revenir les déchets. Avec les mesures de soutien de la REP, on va pouvoir capter et valoriser ces gisements

Aussi le prix de la matière recyclée est souvent plus élevé que la matière vierge. Les prix peuvent varier de 1 à 3. Le système de prime d’intégration de matière recyclée prévu dans le projet de cahier des charges pourra temporiser les coûts attachés et encourager le recours à la matière recyclée.  
À long terme, la consommation de matière vierge va diminuer. Elle restera dans les secteurs où elle est indispensable : alimentaire, pharmacie ou santé par exemple.  

Carton : ne pas se reposer sur ses lauriers 

Avec 80% de recyclage, la filière carton ne doit pas s’endormir. « L’économie circulaire doit être réfléchie au quotidien. Il faut avoir une dynamique continue, ne pas se reposer sur ses lauriers » annonce Julien Cléry.  

C’est pourquoi DS Smith travaille sur plusieurs axes. D’abord l’optimisation de la gestion des déchets. L’entreprise s’intéresse à l’impact global d’un emballage carton, pas seulement son empreinte carbone. Ensuite, l’évolution du modèle économique de fabrication. DS Smith propose de collecter les déchets directement chez ses clients en fonctionnant en boucle ouverte. « Quand on collecte des déchets chez Decathlon, si une papeterie est plus proche que celle de DS Smith, on va valoriser cette papeterie-là. Dans ce cas, il est illogique d’agir en boucle fermée au regard du bilan environnemental de l’opération de collecte ». Enfin, l’entreprise poursuit sa quête de progrès avec le développement de solutions réutilisables (partenariat avec IPI pour les colis réemployables) et l’exploitation de la data pour affiner les décisions RSE. 

économie circulaire

Outil

À quoi sert la REP ?

#3 – Les bonnes pratiques : le cas Decathlon  

Depuis 2019, Decathlon ​​​​travaille sur l’impact environnemental de ses emballages. Fin 2025, l’entreprise affiche un résultat de 70% de suppression d’emballages à usage unique.  

La stratégie adoptée consiste à éliminer l’emballage à usage unique inutile ou à le substituer par le carton. Mais attention, avant d’envisager le switch d’un matériau à un autre, il est important de réaliser des analyses de cycle de vie pour en évaluer la pertinence environnementale et économique.  

Cette transition a généré d’importants gisements de carton en entrepôt et magasins. L’enseigne a donc mis en place des boucles fermées avec DS Smith France, en investissant dans des presses à balles pour minimiser l’impact transport.  

Sur le réemploi, Decathlon utilise des caisses réutilisables pour les flux entrepôt-magasins depuis ses débuts pour des gains économiques. L’enseigne expérimente aussi des enveloppes e-commerce réemployables en textile, financées en partie par CITEO, d’abord sur le click&collect pour faciliter la récupération. L’amélioration du tri reste un défi quotidien. Tous les sites Decathlon travaillent sur le taux de déchets résiduels après tri à la source.  

#4 – CITEO PRO : humilité, méthode et conduite du changement 

La REP Emballages professionnels se construit pas à pas de manière collective. CITEO PRO mise sur la méthode et la capacité à conduire des projets, en s’appuyant sur l’expérimentation. Le principe sera de lancer des tests, capitaliser sur les enseignements, pour ensuite déployer à grande échelle là où le besoin de performance est nécessaire.  Les appels à projets organisés par l’éco-organisme serviront de levier d’accompagnement. 

Le rôle des éco-organismes devra s’organiser autour de deux piliers :   

  • Fédérer en rassemblant les acteurs économiques, traduire leurs enjeux respectifs et les faire converger vers un objectif commun.  
  • Conseiller en décryptant, en accompagnant et en aidant à la conduite du changement. 

C’est sur ces mots que Sabine Haltebourg conclut la table ronde :

Sabine Haltebourg

Directrice des opérations, CITEO PRO

Chaque euro récolté par l’éco-organisme devra être dépensé à bon escient pour aller chercher de la performance

Les barèmes de soutien par matériau seront déployés avec prudence, en s’assurant que chaque dispositif génère de la performance réelle.  

Pour aller plus loin